lundi 27 juillet 2015

Qui se rappelle de Vounaou de Loudéac ?

Tout le monde l'appelait Vounaou, il faisait les courses de beaucoup de personnes qui ne pouvaient se déplacer.

Avec sa brouette, il allait jusqu'à la gare SNCF lorsqu'un colis arrivait par le train ou il transportait des sacs de charbon de chez Helloco de la place des Halles quand le cheval et la charrette étaient utilisées à expédier de la farine chez les boulangers des alentours, il rapportait également chez les gens les chaussures qui avaient été réparées chez Prioux ou chez Renouvel, il faisait le commissionnaire en pharmacie en allant porter les médicaments de chez Albert Jan ou de chez Ragot au domicile des malades, il était même spécialisé dans la bouteille de gaz, à cette époque les gens ne prenaient pas la voiture pour aller chercher du butagaz chez Guenver rue de La Chèze ou chez Corroler rue de Cadélac.

Vous vous demandez bien pourquoi je vous fait part de ces anecdotes, et bien c'est quand j'ai lu les bêtises de Jacques Séguéla "Un clochard peut arriver à mettre 1500€ de côté".

Vounaou est mort un jour, pas de faim, les gens lui donnaient à manger, non il est mort de vieillesse, on l'a retrouvé dans la petite cabane qu'il occupait dans les derrières de la place de l'Eglise, un ancien poulailler je crois.

Quand ses affaires ont été débarrassées, il n'a pas fallu une charrette ou une grande brouette, il n'y avait qu'un matelas et quelques couvertures, une bassine pour se laver, un ou deux livres et une boite de biscuit avec un breton et sa femme comme illustration, ces boites qui servent à mettre le sucre quand les gâteaux ont été mangés.

La surprise est venue de cette boite, le garde champêtre, dont je ne me rappelle plus le nom, a ouvert la boite pensant qu'elle contenait les papiers du défunt, elle les contenait bien mais il y avait également autre chose, des louis d'or, un livret de caisse d'épargne et des billets.

Vounaou ne dépensait rien et les quelques sous que les gens lui donnaient étaient systématiquement mis de côté, il y en avait pour bien plus que les frais de l'enterrement.

Pour moi, Vounaou n'était pas un clochard, il n'était pas non plus un marginal, il était tout simplement une personne qui aimait rendre service et son argent qu'il avait économisé ne lui aura jamais servi de son vivant.  

Je n'ai jamais connu son nom de famille.

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